LES CENTRES SOCIAUX DU NORD PAS-DE-CALAIS

Un centre social, c'est quoi?

Partout, en France, les centres sociaux sont des structures de proximité qui animent le débat démocratique, accompagnent des mobilisations et des projets d’habitant.e.s, et construisent de meilleures conditions de vie, aujourd’hui et pour demain. Ils proposent des activités sociales, éducatives, culturelles, familiales pour répondre aux besoins dans le territoire. Surtout, tout cela se construit et est porté par des habitant.e.s. Le centre social, c’est vous !

Lire la vidéo

Une histoire de 100 ans, un réseau d’avenir

Notre réseau construit son histoire depuis plus de 100 ans. Avec, aux origines comme aujourd’hui, les mêmes convictions autour de la lutte contre les injustices, le pouvoir d’agir des gens et la contribution à une société où il fait bon vivre ensemble.

LES CENTRES SOCIAUX DU NORD PAS-DE-CALAIS

0
CENTRES SOCIAUX ADHÉRENTS
0
SALARIÉ.ES
0
BÉNÉVOLES D'ACTIVITÉ
0
BÉNÉVOLES DANS LES INSTANCES DE GOUVERNANCE

Données SENACS 2018

Le réseau des Centres Sociaux et Socioculturels du Nord Pas-de-Calais - Effectuez une recherche { Nom, Ville, CP } . Saisir les noms sans les accents.

HISTOIRE DES CENTRES SOCIAUX

L’histoire des centres sociaux en France est plus que centenaire. Elle prend naissance dans une société qui se libéralise et industrialise sa production économique, générant une classe de travailleurs salariés prolétarisée et constituant ainsi de nouvelles pauvretés et divisions sociales.

Le premier centre social en France prend forme en 1896, à l’initiative de Marie Gahéry, avec l’appui du Marquis Albert Costa de Beauregard. Il s’implante dans le XIe arrondissement de Paris et reçoit le nom d’ Oeuvre sociale de Popincourt. Il reprend les postures fondamentales des  « settlements », nés à Londres et aux USA à partir de 1884 : face aux injustices subies par les populations laborieuses et les divisions sociales qu’elles génèrent, il s’agit de faire oeuvre sociale, et non pas oeuvre charitable, c’est-à-dire d’établir, dans les lieux de vie, des liens de coopération émancipatrice entre des personnes de conditions économiques et culturelles différentes. Pour réussir une telle action, il faut que les « travailleurs sociaux » viennent résider dans le quartier populaire et y nouer des relations d’entraides, désintéressées et amicales, avec leurs voisins.

 

Mercédès le Fer de la Motte prend le relais de Marie Gahéry et crée, en 1903, avec la Ligue de la Patrie Française, l’association La Maison sociale, avec les concours, notamment, de la baronne Inès Piérard et d’Apolline de Gourlet. En peu d’années, elle crée six Maisons sociales à Paris et dans sa banlieue, dont celle de Levallois Perret avec Marie-Jeanne Bassot. Ce premier réseau novateur ne pourra pas persister, ayant été particulièrement contesté par des forces sociales conservatrices à l’occasion du procès intenté en 1909 par Marie-Jeanne Bassot à l’encontre de ses parents qui l’avaient fait enlever et interner dans un hôpital psychiatrique en Suisse parce qu’ils refusaient son engagement de résidente dans les Maisons sociales.

 

Quatre anciennes résidentes reconstituent pourtant de nouvelles Maisons sociales dans les quartiers populaires où elles avaient débuté. En particulier, dès 1910, Marie-Jeanne Bassot, avec le concours de Mathilde Girault, développe à Levallois-Perret une action sociale, sanitaire et éducative à laquelle coopèrent les habitants et constitue ainsi une Résidence sociale qui devient une référence, en France et à l’étranger.

 

En 1922, Marie-Jeanne Bassot regroupe en une Fédération des centres sociaux de France (FCSF) les oeuvres sociales françaises partageant les mêmes objectifs. La jeune Fédération peut ainsi se joindre au premier congrès international des « settlements » qui aura lieu quelques mois plus tard à Londres et deviendra l’artisan d’un premier développement des centres sociaux à l’échelle nationale.

 

Après la seconde guerre mondiale, la généralisation d’une politique familiale, menée notamment par les Caisses d’allocations familiales et les Caisses de la mutualité sociale agricole amène la création de nombreux centres, en ville et dans les campagnes, afin de rendre accessibles aux familles les services médico-sociaux et sociaux institués. En parallèle, la FCSF s’efforce de prolonger l’esprit premier des centres sociaux et l’exprime, en 1952, dans un rapport, corédigé avec le Ministère de la Santé publique et de la Population et réalisé à la demande du Conseil économique et social des Nations Unies. Dans les années 1960, la politique intensive d’urbanisations nouvelles orchestrée par l’Etat et le développement conjoint de mouvements militants résidentiels favorisent l’émergence de nombreux centres sociaux dans ces quartiers nouveaux. Des problématiques communes, tels ceux du financement, de la professionnalisation des activités et de la place des usagers incitent les centres sociaux à se grouper en fédérations départementales ou régionales.

La fonction d’animation sociale locale et globale du centre social, de plus en plus pratiquée par les centres sociaux, se voit confortée en 1971 par la Caisse nationale des Caisses d’allocations familiales (CNAF) qui crée pour cette fonction un agrément du centre social, en lui associant un financement appelé « prestation de service ». En 1984, cet agrément est décentralisé : chaque Caisse d’allocations familiales locale a désormais compétence pour l’attribuer au centre social en fonction du projet social qu’il a élaboré pour les quatre années à venir.

Dans les mêmes années, la Fédération, qui a étendu son appellation pour devenir la Fédération des Centres sociaux et Socioculturels de France (1967), entreprend de réguler la professionnalisation des acteurs des centres sociaux. Elle ouvre ses instances délibératives fédérales aux usagers et aux salariés en sus des gestionnaires, en instituant dans ses statuts trois collèges représentatifs (1970). Elle suscite aussi la création d’un syndicat employeur, le Snaecso (1971) et appuie l’instauration d’une convention collective spécifique aux Centres sociaux (1983).

Dans les années 1980, les difficultés économiques et sociales vécues de plus en plus par les populations des zones urbaines ou rurales où sont implantés les centres sociaux, incitent ceux-ci à prendre de nouvelles initiatives, en lien avec de nouvelles politiques, spécifiques ou de droit commun, engagées alors par les pouvoirs publics (Politique de la Ville, RMI/RSA, soutien à la parentalité, …). En l’an 2000 à Angers, les centres sociaux et socioculturels adoptent la Charte des centres sociaux et socioculturels qui énonce leurs valeurs de référence et leurs manières d’agir. Ils acquièrent ainsi une nouvelle capacité à structurer leur action émancipatrice en lien avec les populations et les pouvoirs publics, ce qui les conduit en 2013, en congrès à Lyon à affirmer leur priorité : permettre le développement du pouvoir d’agir des habitants.

MARIE-JEANNE BASSOT (1878-1935)

Marie-Jeanne Bassot est la fille d’un polytechnicien, devenu général de brigade et directeur du service géographique de l’armée.

 

A 25 ans, en 1903, elle découvre le projet de restauration sociale de la Maison Sociale et la spiritualité de l’incarnation de Mercédès Le Fer de la Motte *.

 

Elle souhaite s’engager totalement dans cette action en tant que « résidente » permanente dans un quartier populaire mais ses parents s’y opposent activement, allant jusqu’à la faire enlever en 1908 pour qu’elle soit soignée dans un hôpital psychiatrique suisse.

 

De retour à Paris, elle assigne sa mère en justice pour séquestration. Elle gagne son procès en 1909 mais le scandale qu’il suscite et les mises en cause qui s’y expriment mettent en péril l’association la Maison sociale au point que celle-ci doit fermer ses portes, ayant perdu ses principaux soutiens moraux et financiers.

 

Dès 1910, d’abord seule puis avec l’aide de son amie Mathilde Girault *, elle rouvre une Maison sociale à Levallois-Perret dans le dénuement le plus total : elle n’a plus le soutien moral et financier de ses parents ni l’appui d’une structure institutionnelle associative. Le petit logement ouvrier des débuts devient en une dizaine d’années, après plusieurs déménagements, agrandissements et appuis financiers notamment américains, la populaire et prestigieuse Résidence sociale de Levallois Perret.

Marie-Jeanne Bassot en étend le rayonnement en multipliant les activités socioéducatives pour/avec la population locale et en créant des filiales : en 1921 à Viroflay (un préventorium), en 1928 à Saint-Denis (une maison sociale), en 1930 à Saint-Ouen (une maison sociale) et en 1934 à Saint Denis-Mutualité (un centre médico-social). Elle apporte aussi son concours à la création, en 1929, de la Maison sociale Laënnec à Lyon et, en 1934, du centre social « La maison familiale » d’Aulnoye dans le Nord.

 

Au retour d’un voyage aux USA en 1919, fait de conférences sur ses réalisations et de visites de settlements, elle conçoit l’utilité /nécessité de développer en France la formule centre social. A cette fin, elle crée en 1922, avec Apolline de Gourlet *, la Fédération des centres sociaux de France dont elle est la charismatique et active secrétaire générale. Son audience nationale et à l’étranger lui permet d’organiser le second Congrès international des settlements à Paris en 1926 dans les locaux de la toute nouvelle Cité internationale universitaire et ceux de la Résidence sociale.

 

Elle rédige en 1927, avec Marie Diémer, une brochure (Les centres sociaux) pour présenter la spécificité de l’action sociale et éducative des centres sociaux, leurs façons d’agir et la manière d’en créer de nouveaux avec le soutien de la Fédération.

 

Son professionnalisme social et son féminisme lui valent d’entrer dans le très réservé Soroptimist-club de Paris dont elle devient la vice-présidente en 1926 et la présidente pendant deux ans (1927-1929).

Elle décède à la Résidence sociale d’un cancer,  en décembre 1935. Elle n’a que 57 ans.

 

Pour en savoir + :

 

      • Se reporter aux brèves biographies des personnes marquées d’une *
      • Jacques Eloy, Biographie de Marie-Jeanne Bassot (6 p.), à paraître dans le Dictionnaire biographique du service social (Grehss), consultable sur le site du Cédias (www.cedias.org)
      • Jacques Eloy, « Marie-Jeanne Bassot, éducatrice du voisinage », in Françoise F. Laot, Claudie Solar (dir.), Pionnières de l’éducation des adultes. Perspectives internationales, Paris, L’Harmattan, 2018, p. 147-162.
      • Brigitte Bouquet, « L’Oeuvre sociale. Analyse des représentations et des enjeux à travers le procès de Marie-Jeanne Bassot » in Dominique Dessertine et alii, Les centres sociaux 1880-1980. Une résolution locale de la question sociale ?, Lille, éditions universitaires du Septentrion, 2004, p. 29-36.
      • Sylvie Fayet-Scribe, La Résidence sociale de Levallois-Perret. Naissance des centres sociaux en France, Toulouse, éditions Erès, 1990, 178 p.

 

(Biographie revue le 25 janvier 2019)

Aller au contenu principal